RéALITé VIRTUELLE : IMPRESSIONNANT VOYAGE DANS LE TEMPS EN VR AU MUSéE D'ORSAY POUR LES 150 ANS DE L’IMPRESSIONNISME
Le Musée d’Orsay célèbre les 150 ans de l’impressionnisme à travers une nouvelle exposition qui se double d’un formidable voyage en réalité virtuelle auquel « 20 Minutes » a pu participer
RÉALITÉ VIRTUELLE - Le Musée d’Orsay célèbre les 150 ans de l’impressionnisme à travers une nouvelle exposition qui se double d’un formidable voyage en réalité virtuelle auquel « 20 Minutes » a pu participerÀ peine a-t-on placé sur notre visage le casque VR remis à l’accueil du parcours immersif que le voyage commence. En un éclair, nous voici face à l’Opéra Garnier, à Paris. Rose, en robe d’époque, nous interpelle et nous invite à la suivre quelques dizaines de mètres plus loin. Attention en traversant le boulevard des Capucines, les cochets et leur attelage peuvent manquer de vigilance et réflexes ! Le bruit tapageur de la rue contraste avec la douce lumière qui baigne ce quartier parisien en pleine mutation en ce soir du 15 avril 1874.
Chez Nadar, au 35, boulevard des Capucines
Au sol, des marquages bleus quelque peu anachroniques rappellent qu’il est capital de bien rester dans la zone définie pour ne pas se perdre. Nous marchons, tandis que notre hôtesse, aspirant modèle, nous explique que nous sommes attendus au numéro 35, à l’atelier du célèbre photographe Nadar qui accueille Monet, Renoir, Degas, Morisot, Cézanne, Pissarro pour leur première exposition.
Ces jeunes peintres, dont les œuvres tranchent avec l’académisme pictural d’alors, nous attendent, impatients de nous présenter leurs tableaux et de partager avec les visiteurs leur processus créatif. Incroyables quarante minutes de visite, où le temps semble se suspendre à cette soirée inaugurale, officiellement reconnue comme celle des grands débuts de l’impressionnisme !
« Une opération d’ampleur autour de la VR »
150 ans après, le Musée d’Orsay a accroché une partie des tableaux présentés chez Nadar ce soir-là à ses cimaises. 130 œuvres majeures pour un anniversaire que l’on peut aussi célébrer en réalité virtuelle. À quelques mètres de l’exposition Paris 1874. Inventer l’impressionnisme et des collections permanentes de l’institution nationale, Un soir avec les impressionnistes. Paris 1874 propulse le visiteur au cœur d’une expérience nimbée de poésie. Magique ! « Il s’agit d’une opération d’ampleur sur la réalité virtuelle, qui n’a rien à voir avec celle réalisée récemment pour l’exposition Van Gogh à Auvers-sur-Oise », explique Pierre-Emmanuel Lecerf, administrateur général des Musées d’Orsay et de l’Orangerie.
Là où, il y a quelques semaines, seules douze personnes assises sur un tabouret pouvaient découvrir en quelques minutes les secrets de La Palette de Van Gogh, ce sont cette fois jusqu’à 80 personnes qui peuvent partager, individuellement ou en groupe*, l’expérience de 40 minutes développée par Emissive (société spécialiste de la réalité virtuelle à l’origine d’Éternelle Notre-Dame), et de Gedeon (société productrice de documentaires et de programmes immersifs).
Un travail de Lego, de puzzle
« C’est un événement, car il n’y avait aucune image de l’exposition impressionniste de 1874. Par ailleurs l’intérieur de l’immeuble de Nadar a été détruit en 1989, nous avons donc dû reconstituer son atelier », explique à 20 Minutes Stephane Millière, président de Gedeon. Ainsi, pour ses équipes, un énorme travail de documentation a-t-il été nécessaire, tant autour de l’architecture des lieux, que pour s’approcher au plus près de l’accrochage des peintures ce fameux soir de 1874. « Pour cela, nous sommes partis des quatre cents lettres des impressionnistes écrites entre eux, des critiques de l’exposition… Ce fut un véritable travail de Lego, de puzzle ! Nous n’étions pas sûrs de réussir », précise Stephane Millière.
Quatre caméras pour se repérer et déambuler
Le défi d’Un soir avec les impressionnistes. Paris 1874 réside aussi dans sa complexité technique. Le visiteur est équipé d’un casque HTC Vive Focus 3 (le XR Elite était utilisé pour l’exposition Van Gogh). Avec lui, pas besoin de porter un sac à dos avec un ordinateur à l’intérieur, comme pour Éternelle Notre-Dame. Piloté en Wifi 6E, chaque casque embarque « l’expérience » et dispose d’une autonomie de deux heures environ.
Ses quatre caméras lui permettent de parfaitement se repérer grâce aux innombrables motifs et symboles aux murs et au sol de la salle de l’exposition. « Ainsi, le système est couplé avec des données de gyroscope et d’accéléromètre pour le haut, le bas, la ligne d’horizon », précise Thomas Dexmier, vice-président associé EMEA des Solutions Entreprise chez HTC Vive, « l’objectif est d’oublier la technologie dans une expérience multi-users à grande échelle ».
En coulisses, les organisateurs peuvent ainsi contrôler jusqu’à une centaine de casques indépendamment. Et impossible de se télescoper avec un autre visiteur : sa silhouette apparaît au milieu des personnages historiques que l’on croise durant la visite.
Une machine à remonter le temps
A l’issue de « l’expédition » comme aiment à l’appeler ses organisateurs, le voyageur sort comblé par une déambulation à 360° finement orchestrée par un scénario qui, passé l’effet « waouh » de la VR, ne manque pas d’informer, de documenter sur ce moment charnière dans l’Histoire de l’art. L’illusion est bel et bien là !
Parfois presque si bien rendue que l’on se prend à vouloir s’adosser à un mur chez Nadar, pour boire les paroles de Cézanne évoquant son travail. Ou à prendre mille précautions en marchant sur un ponton de planches glissantes pour rejoindre Renoir exécutant son tableau La Grenouillère à Croissy-sur-Seine. Et quel moment lorsque l’on se retrouve au Havre, avec Claude Monet, mettant la dernière touche à son tableau fondateur Impression, soleil levant…
Quand l’IA s’en mêlera
On peut, ou non, être fan de la peinture impressionniste ou du Paris de la fin du XIXe pour se prendre du jeu. En redemander, même. Quitte à être un peu frustré. Car aussi belle et immersive soit l’expérience proposée, ce que voit le visiteur dans son casque reste d’une apparence très « VR PC ».
Et l’on se prend déjà à rêver de vivre le même type d’expérience avec, en face de nous, de véritables personnages avec lesquels on pourra avoir des interactions, et pourquoi pas discuter (amie IA, si tu m’entends !). Tout reste une question de temps.
Confirmation avec Stephane Millière, le président de Gedeon : « Nous disposons d’un nouvel outil extraordinaire, qui est une machine à remonter le temps. Grâce à lui, on ressent les choses, on peut les vivre. Demain, on sera de plus en plus dans l’interactivité, on pourra toucher des choses et les personnes, interagir avec elles, sentir des odeurs, le vent… Nous n’en sommes qu’aux prémices d’un nouveau monde qui s’ouvre à nous. »
* Du 26 mars au 11 août 2024 au Musée d'Orsay, à Paris. Le lundi, mardi, vendredi, samedi, dimanche, de 9h30 à 18h00. Le jeudi, de 9h30 à 21h45. À partir de 11 ans. Accessible aux personnes à mobilité réduite. Tarif plein : 32 euros, donnant accès à l’exposition Paris 1874. Inventer l’impressionnisme et aux collections permanentes. Tarif réduit : 16 euros.